CHAPITRE VI
LES VOYAGEURS ont quitté Zanzibar depuis cinq jours seulement et Samuel Fergusson se sent ému: il vient enfin d’apercevoir à l’horizon ce lac tant cherché, que le capitaine Speke a vu lê 3 août 1858 et qu’il a appelé Nyanza Victoria. Les voyageurs lancent leur ancre sur un arbre et le Victoria devient imobile. Mais ils ne peuvent pas descendre à terre car des armées de moustiques couvrent le sol.
– Demain, si le vent est favorable, dit le docteur, nous irons vers le nord et nous découvrirons peut-être les sources du Nil, ce secret que personne ne connaît.
Le mercredi 23 avril, le Victoria part vers nord.
– Aujourd’hui, nous verrons le Nil, dit le docteur.
Je suis sûr que ce fleuve prend sa source dans ce lac.
– Nous verrons bien, répond Kennedy.
Le docteur Fergusson observe le pays avec attention.
– Regardez! dit-il à ses deux compagnons, nous sornmes au-dessus d’un fleuve et ce fleuve est surement le Nil!
Le docteur Fergusson montre une île au rnilieu du fleuve.
– Regardez! C’est l’île de Benga. Nous allons descendre.
– Elle semble habitée, monsieur Samuel.
– Joe a raison; il y a un groupe d’une vingtaine d’indigènes.
Le Victoria s’approche de lîle. Les Noirs, qui appartiennent à Ia tribu de Makado, poussent de grands cris. Kennedy fait feul et les indigènes se jettent dans le fleuve.
– Descendons, dit le docteur.
Il emmène ses compagnons vers un groupe de rochers et semble chercher quelque chose. Tout d’un coup, il prend le bras de Dick:
– Regarde! dit-il.
– Des lettres! s’écrie Kennedy.
En effet, deux lettres sont gravées sur le rocher: A.D.
– A.D., dit le docteur Fergusson. Andréa Debono! La signature du voyageur qui est arrivé le plus loin sur le Nil!
– C’est bien le Nil! Nous ne pouvons pas nous tromper!
Dix minutes après, le Victoria reprend sa rute dans les airs.
– Mes amis, dit le docteur à ses deux compagnons, nous commençons maintenant véritablement notre traversée de l’Afrique. Jusqu’ici, nous avons suivi les pas d’autres explorateurs, mais maintenant nous partons dans l’inconnu.